Essai Corvette Z06
Moins de confort mais près de 100 chevaux de plus que la version Coupé, la Z06 est la plus sportive des Corvette
Dotée des caractéristiques des Corvette de course, à commencer par son châssis très léger en aluminium, la Corvette Z06 est annoncée pour une puissance de 512 ch à 6300 tr/min, un couple de 637 Nm à 4800 tr/min et passe de 0 à 100 km/h en 3,9 secondes.
C'est dans le 8ème arrondissement de Paris que nous attend un matin le modèle de Corvette de série le plus puissant jamais produit, qui adopte un positionnement sportif contrairement à la Corvette coupé ou cabriolet davantage orientée vers une utilisation routière. Nous n'avons pas encore pris place dans la Z06 que déjà des dizaines de regards sont braqués sur nous. La Belle attire l'oeil, c'est le moins que l'on puisse dire. La discrétion sur cet essai ne sera pas de mise.
Premiers contacts
Le design extérieur, associant les angles et les courbes, est magnifique et fidèle à l'identité Corvette. L'arrière de la voiture notamment est reconnaissable entre mille.
A l'intérieur par contre, excepté pour le tableau de bord fort joli, le design mais surtout les finitions sont un peu plus discutables. Pour cette catégorie de voiture, on aurait volontiers attendu une meilleure finition, notamment au niveau de certains plastiques et de la moquette. A noter que l'intérieur des portières marque très vite. Cet aspect a été sacrifié au prix de l'efficacité.
Aucune clé pour intégrer la place conducteur, l'ouverture et le verrouillage des portes réagissent grâce à une télécommande que nous prendrons bien soin d'avoir toujours sous la main pour éviter de fâcheux désagréments, comme le verrouillage automatique des portières de l'intérieur. Ceci peut être désactivé en changeant les options depuis le tableau de bord.
Le passage derrière le volant est étroit, les grands gabarits ont du mal à trouver leur place malgré les différents réglages disponibles. La proximité et la hauteur du volant sont totalement ajustables. Le siège conducteur est également réglable au moyen d'une commande électrique (d'avant en arrière, hauteur et inclinaison de l'assise).
Ces réglages ne sont pas disponibles côté passager. En revanche, l'espace de ce côté est impressionnant. En prenant place, on se retrouve dans une position type transat
. On peut être tenté de penser que cette position favorise la détente si le conducteur se sent pousser des ailes, ce qui ne manquera pas d'arriver, compte tenu de la vitesse maximum indiquée sur le compteur : 320 km/h. Le ton est donné, les six compteurs analogiques nous confirment la rencontre avec une voiture d'exception.
La technologie à bord
Nous nous apprêtons à rejoindre Saint-Tropez et les fabuleuses routes de la région. La Corvette sera dans son élément et pourra délivrer le plus librement possible ses atouts. Prenons donc place derrière le volant. La Z06 démarre au moyen d'une simple pression sur un bouton situé à droite du volant, en embrayant franchement. De même, l'arrêt du moteur nécessite, en complément d'une pression sur ce même bouton, d'enclencher et de laisser la marche arrière, position indispensable pour éviter que la batterie ne se décharge. Inutile de préciser qu'il vaut mieux se faire très vite à cette particularité, et attraper sans tarder les réflexes adéquats, même si le tableau de bord manifeste des rappels à l'ordre.
Les fonctions du tableau de bord sont multiples. A première vue, seuls sont vraiment visibles les compteurs analogiques présents derrière le volant mais, une fois le contact enclenché, on a très vite la sensation de prendre place dans un véritable cockpit.
De nombreuses fonctions sont proposées lorsque l'on s'intéresse aux petits boutons situés de part et d'autre du tableau de bord : consommation moyenne et instantanée, autonomie, pression des pneus, à gauche et à droite, à l'avant et à l'arrière, deux trips partiel, un chronomètre, l'affichage de la vitesse moyenne.
La Corvette dispose également en affichage digital des mêmes informations que celles des compteurs analogiques : pression et température de l'huile, température du liquide de refroidissement, tension de batterie.
Dans cet ensemble de fonctionnalités pratiques, l'affichage tête haute fait indiscutablement partie des accessoires les plus intéressants. Trois modes sont proposés : un mode rue
qui indique simplement la vitesse, et deux modes piste
permettant d'avoir deux affichages analogiques différents de compte-tours, et l'indication de la force G. Les informations sont extrêmement lisibles et s'affichent dans l'axe du volant en bas du pare-brise. La hauteur de l'affichage est réglable, toutes les informations sont donc accessibles d'un très bref coup d'oeil.
Enfin, pour éprouver totalement les performances sportives de la voiture, un petit bouton situé non loin du frein à main permettra de désactiver toutes les fonctions d'aide au pilotage : anti-patinage, correcteur de trajectoire, etc.
Les premiers kilomètres
Le moment est venu d'apprécier les premiers ronronnements et vrombissements du moteur (7,0 L V8 16 soupapes). La sonorité provenant des 4 sorties d'échappement est plus que convaincante, elle est bluffante
. Nous enclenchons la première pour quitter Paris et rejoindre l'autoroute.
En dépit du caractère sportif de la Z06, sa prise en main s'avère d'une facilité extrême. Elle peut se conduire tout en douceur et en souplesse, le temps de sortir de l'encombrement urbain.
Les premières franches accélérations mettent tout le monde d'accord, elles sont tout bonnement épatantes. Le moteur est très disponible et le compte-tours s'envole jusqu'à 7000 tours. On perçoit deux paliers très nets à 3500 tours et à 5500 tours. Les changements sont alors significatifs : la pression au siège devient grisante et les sons qui répondent à haut régime s'assimilent à de véritables coups de tonnerre.
Sur voie rapide, le régulateur de vitesse permet de ne pas tenter le diable et des centaines de kilomètres défilent sans aucune lassitude. En sixième, on roule tranquillement à un rythme de croisière que l'on est forcé de s'imposer raisonnable, en appréciant la qualité du système audio Bose et des 7 haut-parleurs présents dans l'habitacle.
Sensations fortes garanties
Nous laissons derrière nous l'autoroute à Grenoble pour emprunter des routes qui promettent leur lot de sensations fortes. Une fois les premiers virages enchaînés, on commence rapidement à cerner les réactions de la voiture, et on se livre sans tarder à quelques enchaînements audacieux de courbes larges ou très serrées aux alentours de Castellane. Les routes sont suffisamment larges pour permettre de dépasser un véhicule plus lent en deux temps trois mouvements. Le moteur montre vraiment dans ces conditions toute sa disponibilité et le couple est fulgurant.
Les routes étroites et très sinueuses des Gorges du Verdon en fin de journée finissent de convaincre : la Corvette délivre sans compter un capital plaisir illimité. L'addiction devient totale. La direction est ferme et la taille des pneus entrave un peu la maniabilité en courbes, particulièrement lorsque le revêtement de la chaussée n'est pas parfaitement lisse.
La Corvette est équipée d'origine de Goodyear Eagle F1 de 275 sur jantes de 18 pouces à l'avant et 325 sur jantes de 19 pouces à l'arrière. Il faut rester vigilent et tenir fermement le volant et la tenue de route demeure excellente. La Z06 est bel et bien une sportive aguerrie. Sur ces routes la conduite devient en effet sportive au sens littéral du terme.
Le freinage est quant à lui très efficace à condition d'appuyer franchement, ce qui ne présente pas de problème puisque l'ABS ne se déclenche pas facilement.
Au terme d'une journée de roulage complète, à raison de 12 heures interrompues de courtes pauses, le confort à bord ne souffre toujours pas du moindre défaut. Aucune fatigue physique ne se fait ressentir. Le confort des sièges en cuir très enveloppants reste irréprochable.
Le bilan, 2000 km plus tard...
Les 2000 km parcourus au volant de la Corvette Z06 nous imposent un bilan enthousiaste. Cette machine est une bête de course et de performances.
Evidemment elle peut difficilement être envisagée pour un usage quotidien ou trop fréquent. D'abord parce qu'elle n'est évidement pas à la portée de toutes les bourses. Sans les options mais avec un équipement déjà très complet, elle est commercialisée pour la coquette somme de 86790€, ce qui en fait d'ailleurs une voiture de sport efficace et plus abordable que certaines de ses prestigieuses concurrentes.
Côté consommables, un changement de train de pneus coûtera à son heureux propriétaire quelques 1200€ pour le train avant, et jusqu'à 2000€ à l'arrière, en monte d'origine. La consommation, par contre, reste somme toute maîtrisée au regard de la cylindrée. La moyenne de l'essai se situe aux alentours de 15 l/100 km dans des conditions très variées.
Si la Z06 est une voiture à usage spécifique et occasionnel, tout simplement exceptionnelle, c'est aussi parce qu'elle ne s'utilise pas facilement dans n'importe quelles conditions. A bord, la visibilité en roulant est acceptable mais devient carrément médiocre voire handicapante sur des routes vraiment très étroites, ou lors de manoeuvres. On ne voit rien à l'arrière et très peu du côté avant droit. Ajoutons à cela que le rayon de braquage est très limité. Et compte tenu du couple et de la largeur des pneus, l'utilisation sur revêtement détrempé devient carrément risquée et promet quelques sessions de patinage, pas franchement artistique. Nous l'avons testé, qui plus est de nuit : un grand moment de stress...
Bilan essai Corvette Z06
Pour plus de polyvalence et un plaisir quotidien, il faudra plutôt s'orienter vers le modèle Coupé disponible à partir de 65850€ qui propose des performances proches et un équipement plus complet. En effet, la Z06 a volontairement été dépouillée d'un certain nombre d'équipements pratiques et accessoires de confort pour favoriser sa légèreté et accroître ses qualités sportives.
Sur circuit par contre ou pour de brefs moments de divertissement sur les routes les mieux adaptées, y compris à allure modérée, elle promet des sensations inoubliables. Nul besoin d'être un pilote très expérimenté pour jouir pleinement de la générosité de cette sacrée machine !